LE RUBIS
Réalisé avec l'ouvrage : Portraits d'épaves, éditions Océans, de JP Joncheray & U Brunner
Profondeur : - 41 mètres
Coordonnée : 43° 11' 37'' N, 06° 42' 10'' E, au Cap Camarat entre Cavalaire et St Tropez
Description : sous-marin, 60 m de long, 7 m de large et de 8 m de haut sur un fond plat.
Difficultés : le courant s'il est fort.
La plongée
Le sous-main est posé bien droit, sa teinte marron-gris assez sombre tranche avec celle du sable. L'avant surplombe le fond auquel il n'est relié que par le câble de remorquage qui pend à la verticale de l'étrave. Les plongeurs peuvent passer sous la quille.
Le pont, plat, s'étend sur plusieurs dizaines de mètres en avant du kiosque. Le plancher a disparu par endroits et, dessous, se succèdent bouteilles d'air comprimé, vannes, pompes extérieures à la coque épaisse. Le panneau avant est à demi entrouvert et les aménagements intérieurs sont visibles à condition d'avoir un bon phare.
A l'arrière, les flancs du Rubis s'élargissent, ils constituent pratiquement des ponts latéraux, à peine plus bas que le pont central, entouré d'une rambarde. Le kiosque, dont les parois latérales ont basculé vers l'extérieur, a perdu périscope et compas, armement et instruments de navigation. Subsistent encore le support du compas principal, le panneau de descente encore ouvert, ainsi que son sas, et certains accessoires de conduite qui font que cette épave reste vivante. Calé à l'intérieur de la "baignoire", le plongeur domine le fond de la mer de plusieurs mètres.
La partie arrière a été pétardée et les deux hélices ont disparu, laissant une excavation béante.
Le site se maintient relativement propre : peu de tôles ou de débris métalliques, mis à part quelques capots de puits de mine déplacés, peu de câbles, aucun filet de pêche.
Type de navire
Le Rubis était un sous-marin mouilleur de mines de la série Saphir. Ces sous-marins différaient des autres par leur rôle réduit à la pose des mines, ce qui ne les empêchait pas d'attaquer aussi à la torpille. Ils contenaient trente-deux mines en puits intérieurs. Le sous-marin larguait ses mines, elles se posaient au fond car un socle pesant les y entraînait, et, quelques minutes plus tard, la dissolution d'une cartouche de sel marin les libérait. Elles remontaient vers la surface et restaient stationnaires à une certaine profondeur, reliées par une chaîne à leur socle de fonte. Pour conserver ces dangereux engins, les côtés du Rubis étaient très larges, volumineux, aplatis et percés de puits, réceptacles provisoires dans lesquels les mines étaient coulées.
Le Rubis déplaçait 762 tonnes en surface, 923 en plongée : c'est un sous-marin moyen avec un tirant d'eau de 4 m. 2 diesels de 6 cylindres, licence Vickers-Armstrong, construits par Normand au Havre, développant chacun 650 ch à 360 t/mn le propulsaient en surface à 12 noeuds, tandis que deux moteurs électriques Schneider de 500 ch chacun, assuraient la marche en plongée à 9 noeuds.
Armé d'un canon de 75, de deux mitrailleuses de 13 mm, de ses 32 mines de 1 090 kg (375 kg dans l'eau) et 220 kg de charge explosive, de trois torpilles de 550 mm et de deux torpilles rapides de 400 mm, il embarquait 4 officiers, 9 sous-officiers et 32 hommes d'équipages.
Histoire du Rubis
Il fut mis sur cale en janvier 1928 à Toulon. Lancé le 30 septembre 1931, il fut admis au service actif en avril 1933. En janvier 1940, il est affecté à Brest, avec Nautilus et Saphir , pour opérer dans le grand nord et aider la Finlande. Les 3 sous-marins arrivent lorsque la Finlande a capitulé. A ce moment, l'allié anglais demande du renfort en sous-marins mouilleurs de mines.
Le Rubis, basé à dundee, entre en action le 1er mai 1940, il ne reverra la France qu'en 1945. Sa première opération de guerre consiste à mouiller ses engins à Kristiansand, en Norvège. La seconde fois, il les mouille à Hangesund, la troisième fois, il pénètre de 14 milles à l'intérieur de la passe nord de Bergen et est inquiété par un destroyer allemand qui l'oblige à rester immergé 35 heures durant.
A ce moment, la France en déroute rappelle les sous-marins. In extremis, les Anglais obtiennent que le mouilleur de mines participe à une dernière opération. Le 20 juin, il part pour Trondheim, le 22 juin l'armistice est signé, des "difficultés de communication" tiennent l'équipage dans l'ignorance de cet évènement, et le Rubis mouille ses mines le 26 juin. Le 3 juillet, l'amirauté anglaise engage par surprise "l'opération Catapult". Les navires français sont investis, leurs équipages débarqués. On donne aux marins le choix entre les forces navales françaises libres, sous le commandement de l'Amiral Muselier, et le rapatriement pur et simple. 3 000 seulement d'entre eux resteront sur les navires du FNFL, et leur nombre sera augmenté par l'arrivée de marins restés sur le continent. Le Rubis est saisi à Dundee. Le tact des autorités anglaises et le désir de continuer le combat de l'équipage (seulement un officier, un sous-officier et 3 marins regagnèrent la France) sont tels que le Rubis devient l'une des premiers sous-marins de la France libre.
Dès septembre 1940 et jusqu'en décembre, l'impossibilité d'armer le sous-marin avec des mines françaises Sauter Harlé, le fait utiliser comme bâtiment d'attaque, sans grand succès, pendant 4 autres opérations : le Rubis est trop lent et trop lourd. Il est transformé pour utiliser des mines anglaises. Ces mines Vickers Armstrong seront employées jusqu'à la fin de la guerre.
Au total, le score réalisé par le Rubis en 5 années de guerre est assez impressionnant : 683 mines larguées, 14 navires coulés, 7 dragueurs de mines coulés, 1 U-Boot endommagé, enfin un navire de 4 360 tonnes coulé par torpilles.
Le 8 juin 1945, le sous-marin est prêt à rentrer chez lui. Le 23 juin, il touche une terre française, à Oran, où il est désarmé et son équipage dispersé sur d'autres navires.
Une dernière refonte lui permet de terminer ses jours comme navire de la flotte sous-marine française renaissante, et de former des équipages pour les nouveaux sous-marins en construction. Retiré du service actif en 1949, il demeure base sous-marine pour l'instruction des jeunes marins avant leur affectation aux sous-marins. Puis, en 1957, la marine ayant besoin d'une cible de sonar, il est décidé de l'immerger définitivement.
Naufrage du Rubis
Le 31 janvier 1958, le remorqueur Samson, ex-Suder Hever allemand, et la gabare Criquet amènent le Rubis à 2600 milles dans le 125 Cap Camarat. Le Commandant Riffaud place une charge de 9 kilos et l'arrière explose. Le Rubis se mate, puis coule. Il sert, depuis, de but Asbic.